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Avril 2024 : nous pénétrons au sein de la forêt tropicale australienne de Daintree...

Pour le peintre, traduire le « primaire » de cette forêt, c’est décrire la lutte ancestrale des végétaux multi-formes pour la conquête de la lumière, pour l’accès à l’humus. C’est faire sentir la présence fugace mais tranquille d’un bestiaire de mythologie. Et c’est vouloir transcrire l’omniprésence des aborigènes, eux qui ont su ne pas façonner les lieux, mais s’y fondre à tel point que pierres et plantes vibrent encore du sang de leur abandon contraint.

Face au bouleversement des sens, il en va de l’urgence de sortir de sa zone de confort afin de se laisser une chance de transmettre l’inénarrable. Bousculer les acquis, repenser les compositions, modifier la palette, aller sur d’autres voies d’expression technique.

Le monotype comme support... Rorschach : l’empreinte sollicite l’imaginaire. Une évidence. Ensuite, les encres et pastels qui suggèrent, évoquent. La composition se met en place naturellement, de l’humus au cieux entraperçus, de l’ombre qui ancre à la lumière qui transperce.

Une introspection qui ne fait que commencer.

Anne Ricard