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« Caravansérail » est un mot composé persan qui désigne d’une part le groupe de voyageurs qu’on appelle « la caravane », et d’autre part « le sérail », la maison. Le terme est une émanation de l’art et de l’architecture iraniennes, il témoigne de son empreinte à travers les époques et l’Histoire.
C’est un endroit où les voyageurs et les caravanes pouvaient faire halte un moment pour reprendre des forces, se ressourcer et réparer leurs dommages avant de poursuivre leur course.
S’extraire de son foyer, sortir de la sécurité de la mère patrie − que ce soit par sa propre volonté ou par contrainte − se couper de ses racines et de ses attaches originelles pour se réimplanter dans un pays inconnu, est un véritable défi. Mais il est impossible d’avoir de nouvelles perspectives, de nouvelles expériences, et d’atteindre d’autres objectifs sans s’arracher à son refuge familier, son cocon protecteur. Par ailleurs, le grand périple des horizons et des âmes − qui tourne le regard du voyageur vers l’extérieur et sa pensée vers l’intérieur − nécessite toujours des étapes ou de courtes pauses, comme s’arrête la caravane dans un caravansérail rencontré sur sa route.
La migration est le récit des peurs et des promesses, des aventures, des espaces et des chemins ; il est celui de la caravane traversant les frontières et les caravansérails.
La porte du caravansérail est aussi le symbole de l’espérance du salut et de la renaissance.
En poésie et littérature persanes, le mot « caravansérail » est souvent employé pour décrire notre passage sur terre. Parce que nous, les hommes, tels des pèlerins sur le parcours de notre existence en constante évolution, vivons en ce bas-monde pour le temps qui nous est donné, et ensuite nous le quittons.
Bien que le caravansérail soit pour tous un refuge accueillant et délicieux, il n’est cependant pas éternel.
Hassan NOZADIAN (mai 2023)

Nous sommes l’image de cette caravane, et l’univers est ce caravansérail
Mais une caravane ne peut demeurer éternellement dans un caravansérail
Katebi Tarshizi (Poète persan, XV^e siècle)