Adieu partons naviguer III, 2023
stylo bille sur papier JS Opal 250 g
56 x 76 cm

LYON ART PAPER/ LES ARTISTES SÉLECTIONNÉS - 2024

CROZET, Ariane

07.68.16.36.45
ariane.crozet chez gmail.com
www.arianecrozet.org


Figurer la présence humaine en ce qu’elle peut manifester d’éphémère ou de fragile est devenu le motif central de mon travail. Et si l’espace du papier est celui où se dressent les corps, souvent décontextualisés et comme hors de toute mémoire, c’est aussi celui où ils se délitent. Les visages disparaissent ou sont coupés par le cadre imposé par la feuille. Les regards s’évaporent. Visages et regards, ce qui fait identité, sont ainsi réduits au balbutiement par des vides qui leur assènent de se taire.

N’ayant plus la possibilité de se réfugier dans un regard, le regardeur n’a plus d’autre choix que de se confronter aux corps. Leur posture, leurs gestes, vecteurs de fragilités. Les rides, le flétrissement de la peau, ses cicatrices, les plis des vêtements, prolongent et accentuent la torsion des corps tout en se faisant l’articulation d’histoires intimes.

Il y a une tension entre les prémices suggérées d’une propagation possible des corps, et les vides qui compressent et enferment. Cette tension vient combler l’espace encore vide en le désignant comme le lieu d’une genèse à venir. Le dessin naît de ce dialogue fébrile entre le « laisser voir » et le « faire disparaître ». Ces laps d’espaces deviennent confusément fissures, hiatus, bribes de fictions souterraines, et donnent voix au plissement du papier. Si ces trouées offrent des possibilités narratives, elles sont également l’espace d’une inquiétude propice à penser.