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Une expérience du dépaysement
L’intermédia opère entre les différentes formes d’art, échappant aux cloisonnements des domaines et conventions artistiques existants. J’ai choisi ce concept pour caractériser l’approche indisciplinée qui est la mienne.

À ce titre, la série « paysages hélientropiques » s’inscrit dans une démarche globale, prémices d’un projet (B-Sphère) qui s’ingénie à brouiller les limites entre sculpture et architecture, photographie et peinture, site et territoire.

Dans la méthode d’abord, celle qui relève de l’image latente et de sa révélation, le dessin au goudron vire soudainement sous l’action du White Spirit, en faisant
apparaître de l’autre côté du support – dépravé ou anamorphosé – un autre paysage. En se liquéfiant, le motif devient peinture. Le dessin perd ainsi de sa prestance et de son autorité. Les traits se propagent en zones brunâtres comme si le papier avait été incendié, révélant du même coup leurs origines fossiles. Ils prennent au passage une coloration brownish qui rappelle les premières photographies au bitume de Judée.

Mais si le goudron effectue une traversée du subjectile, c’est aussi le regard et la perception du spectateur qui, – à leur tour traversés/traversants – sont mis à l’épreuve.

Selon que je me recule ou que je m’éloigne, je vois de près la peinture, ou de loin une figure ouvrant à sa déhiscence.