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C’est en travaillant la rencontre et les échanges entre le papier, l’eau, les pigments, et en laissant se déployer leurs contacts que ces dessins se sont formées.

Ils sont les empreintes des phénomènes de collisions, de répulsions ou d’affinités de ces matières les unes avec les autres. L’eau qui s’écoule déchire le tissu de l’encre en formant un réseau méandreux. Lignes d’écumes ou sillons d’une ravine, un réseau de ressemblances se tisse entre l’affleurement d’un versant de montagne et le déferlement d’une vague, le tissu innervé d’un muscle ou les alluvions d’une rivière.

C’est dans ce ravinement de la surface et sa modulation que j’explore un monde rendu à sa fluidité, immergé dans la trame des relations qui le constitue le tumulte des contacts entre le ciel et la terre, la rencontre de l’aérien et du géologique, du massif et de l’épars, du stable et du fluide...
En laissant notre regard se perdre dans l’infinie différence des choses et des existences que déploie un paysage, leurs métamorphoses les unes avec les autres nous enveloppent et nous ouvrent à ses qualités sensibles. Le dessin devient une tentative d’ouvrir le mouvement de leurs nuances, un rythme des cœxistences.

[...] il est impossible de déterminer avec certitude où finit la pierre et où commence son autre. Il en va de même pour l’arbre et la montagne, ainsi que pour l’être humain. C’est une condition de la vie : tout ruisselle, rien n’est verrouillé. (Tim Ingold)