Présentée par la Galerie Polysémie
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Des corps de femme délicatement écorchés dont chaque organe devient fruit à la pulpe odorante, fleur épanouie, algue dans le courant, crustacés qui se faufilent, insectes au corps chitineux et où, malignement, un vagin ouvert en pistil semble une promesse de floraison. Des corps à la féminitude assumée de géantes offertes où l’on se perd dans un entrelacs de cheminements organiques sans fin. Ici, veines et artères deviennent rivières de cristal où nagent des poissons d’argent, là on croit voir des poumons se gonfler au rythme d’une respiration de grand vent, quand ailleurs dans ces anatomies éclatées au scalpel c’est tout un paysage qui s’élabore, patiemment architecturé à travers le fouillis très ordonné de lignes, de hachures, de pointillés qui peuvent aussi être fibres, cellules, atomes de ce corps gigantesque dont on a cru cerner les contours pour aussitôt s’y noyer. Les toiles de Postic nous envoûtent par le mystère insaisissable qu’elles projettent, et nous laissent dans cette incertitude : faut-il s’en approcher à les toucher pour tenter de nommer en entomologiste, en naturaliste, en anatomiste, ses composantes imbriquées ? Faut-il au contraire s’en éloigner pour embrasser d’un seul coup d’œil un panorama qui se refuse, un sens qui nous échappe ? Reste le vertige à se trouver au bord d’un gouffre étoilé où, dans l’obscurité sans fond de l’espace, c’est tout un univers qui se devine, tout à la fois macroscopique et microscopique. Tels ces systèmes atomiques autrefois fantasmés où l’on pensait voir autant de systèmes planétaires, les corps de l’artiste s’écartèlent aux dimensions d’un infini cosmique.

Jean-Pierre Andrevon