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Anne-Marie Jouot n’est pas une bonimenteuse, elle ne fait pas de manières, ni de prêchi-prêcha. Elle peint des p’tits bonshommes, des p’tites bonnes-femmes, des z’animaux, souvent espiègles, ceux de la vie qui pétille au quotidien. Elle puise à pleines mains dans la banalité des rêveries tenues. Elle s’abandonne au flux et reflux des moments d’enfance enfouis. Il affleure dans sa peinture et ses céramiques, cette douce vague des nostalgies du cœur qui mêle rencontres et départs, vivants et disparus. Ces figures malicieuses sont comme autant de « porte-couleurs », avec le bonheur caché derrière, pavé de teintes acidulées.
Anne-Marie Jouot n’a pas peur des bleus, des verts, des roses, des orangés, des jaunes, et des rouges, celui-là à côté de cet autre, et cet autre là-bas, à côté de celui-ci, ou vice versa, c’est le sans dessus dessous de la vie et sa cohérence, le lieu où l’imaginé et le vécu se lient. Dans ses œuvres, les détails de l’écheveau de la vie et les chuchotis de l’enfance bruissent afin de nous rappeler la nécessité des voyages intérieurs. Anne-Marie Jouot noue la tendresse aux quatre coins de sa création, comme le nœud aux mouchoirs des enfants, pour ne pas perdre l’envie du jour, ni celle du lendemain. Elle invite les p’tits bonshommes, les p’tites bonnes femmes et les z’animaux à toujours croquer la pomme, parce qu’il n’existe pas de paradis perdu.
Jean-Luc DIDIER