ROBINSON, Ann

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J’ai longtemps pratiqué le dessin et la peinture avant de m’engager dans la voie du collage. Depuis plus de dix ans, mes tableaux sont constitués exclusivement de tickets de métro usagés que je traite de différentes manières.

J’ai toujours aimé les agencements de formes simples insérées dans un quadrillage plus ou moins géométrique. Le ticket de métro parisien avec sa bande magnétique me semblait offrir des possibilités plastiques intéressantes.

En plus d’être un symbole de Paris, il est en lui-même comme une métaphore de l’espace, du temps et du mouvement. Il est aussi et surtout une matière de rebut, glanée au fil des ans dans l’espace public par moi ou par d’autres, découpée, triturée et colorée dans le secret de l’atelier puis restituée sous une forme tout à fait autre. Cette opération de transformation de la matière a complètement régénéré ma démarche artistique.

Un accrochage en hommage à Marcel Proust

Dans le contexte du centenaire Marcel Proust en 2022, mon travail de ces deux dernières années a été en grande partie consacré à plusieurs séries en hommage à son œuvre et à sa vie.

Ces réalisations trouvent leur origine dans mon intérêt pour les conditions à la fois matérielles et biographiques de mise au jour de son grand livre, en particulier pour ses papiers collés, les fameuses « paperoles » qui jusqu’à la fin, remaniées ou déplacées, ont littéralement nourri l’œuvre de l’intérieur. Au printemps 2021 j’ai pu consulter deux carnets manuscrits à la BNF et cette expérience a déterminé la forme initiale de mon projet. Avec les ressources du ticket de métro, du papier et du carton, j’ai en quelque sorte reconstitué ses cahiers d’écolier gonflés de paperoles et tenté de formuler divers thèmes, motifs ou aspects de La recherche du temps perdu qui me paraissaient « traduisibles ».