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En 2015 environ, j’ai commencé à collectionner des captures d’écran en regardant toutes sortes de films. Je me suis surtout intéressée aux images inquiétantes, porteuses d’étrangeté, aux scènes absurdes et équivoques. Petit à petit, cette activité, qui au début était un simple passe-temps, est devenue un exercice d’observation, jusqu’à l’exacerbation d’une sensibilité particulière. Il fallait appuyer sur Command + Shift + 3 exactement au bon moment afin de « capturer » au mieux. Le plaisir était comparable à celui d’un chasseur.
C’était une tentative de retenir un instant dont la nature même est éphémère, un désir d’arrêter le temps, d’entrevoir l’invisible, de faire à la fois hommage aux grands réalisateurs et de décomposer leurs chefs-d’œuvres.
Ne sachant pas quoi faire de cette collection atypique, j’ai commencé à dessiner d’après les captures d’écran. Les couleurs des encres lithographiques, de l’acrylique et surtout du stylo bille bleu ne sont pas toujours fidèles à celles des photos d’origine. Certains éléments sortent du cadre filmique, les enchevêtrements des lignes troublent volontairement le réalisme de la photo.
Les sous-titres intégrés sont des bribes de phrases souvent sans début ni fin. Je considère les prises de vue avec des sous-titres comme les perles rares de ma collection. Le sous-titre se retrouve ainsi hors de son contexte, parfois il soutient encore la lecture de l’image, parfois il préfère brouiller son sens.