Précieux oubli, 2018
encre de Chine
40 x 27 cm

LYON ART PAPER/ LES ARTISTES SÉLECTIONNÉS - 2019

BERTHELIER, Blanche

blancheberthelier chez hotmail.fr
blancheberthelier.blogspot.com

Les traits vibrent encore ou presque, les espaces ondulent en une topologie indéterminée et jamais définitivement fixée... Quelque chose du geste spontané de la main et des bifurcations irréfléchies du crayon ou du fusain demeure visible à la surface des dessins de Blanche Berthelier. Les « fils » nombreux (entrelacs, cheveux, tiges...) qui s’y trouvent tracés invitent à imaginer un continuum, un processus en cours, des métamorphoses, ou bien encore des inversions possibles : entre le dehors et le dedans, le même et le différent, un règne et un autre (minéral, végétal, animal...), une surface et son envers, l’obscurité et la lumière... « Le dessin ne reproduit pas une forme donnée, il produit - ou il laisse se produire - une forme où s’exprime le désir de voir naître la chose, de goûter à la joie de cet élan pour devenir « sois-même » sans s’identifier à rien. Le dessein est d’accompagner une formation sans fin » écrit le philosphe Jean-Luc Nancy dans Le Plaisir au dessin (Hazan, 2007)
Des formes apparaissent néanmoins, mais toujours étranges, fuyantes ou en devenir, parfois cachées ou enveloppées sur elles-mêmes. Les figures et les espaces innommables de Blanche Berthelier semblent issues d’un double « inconscient », physique et psychologique, somatique et onirique : celui de la main et celui de la psyché. Deux psychanalystes, Nicolas Abraham et Maria Torok, dans L’écorce et le noyau, évoquent des « lieux psychiques » à travers les notions - proches de l’univers de l’artiste - de secret, de crypte, de fantôme...
En cassant quelques graines et coquilles, en fendillant l’écorce des choses, Blanche Berthelier entrouvre des énigmes. Énigmes du devenir et de l’origine des corps, des matières, des images.
Jean-Emmanuel Denave